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Les acteurs médiatiques : artisans de la joie ?

Parole libre de Yasmina Madafi, dirigeante et co-fondatrice de La Nouvelle Agence.


Cet été, Paris a vibré au rythme des Jeux Olympiques, un événement mondial qui incarne l'esprit de dépassement de soi, de fraternité et de célébration de l'excellence humaine. Pourtant, ce que nous retiendrons aussi de ces JO, ce n'est pas seulement la quête de médailles, mais les moments de joie partagée, de communion autour d'une victoire ou d'une performance. Les acteurs médiatiques, qu'ils soient journalistes, animateurs ou créateurs de contenu, jouent un rôle clé dans la diffusion de cette joie, en capturant et en transmettant ces instants d'émotion collective.


Les Jeux de Paris 2024 ne se déroulent pas dans un contexte isolé. Ils viennent après des années marquées par la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine, la crise de l’énergie, l’apocalypse au Moyen-Orient… Des moments pendant lesquels l'isolement, la peur et l'incertitude ont été omniprésents. Pendant ces crises successives, les médias ont dû naviguer entre la responsabilité d'informer et la nécessité de maintenir l'espoir. Le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, souvent cité pour son aphorisme "Ce qui ne me tue pas me rend plus fort", nous rappelle que la joie peut émerger de l'adversité. Les médias, en relatant les histoires de résilience et de solidarité qui ont fleuri pendant cette période, ont contribué à cette résilience collective, devenant ainsi des artisans de la joie.


Cette idée de la joie comme réponse à la souffrance résonne également avec la pensée de Spinoza, qui voit la joie comme une augmentation de notre puissance d'agir. En amplifiant les récits de succès, de réinvention et de soutien mutuel, les acteurs médiatiques ne se contentent pas de divertir ou d’informer, ils renforcent la capacité d'action du public. Ils transforment les moments de crise en opportunités de redécouverte de ce qui nous unit, en rappelant que la joie n'est pas simplement l'absence de douleur, mais une force active qui nous pousse à aller de l'avant.



Les Jeux Olympiques, en tant que spectacle planétaire, ont offert aux médias une nouvelle occasion de jouer ce rôle. En relatant les exploits des athlètes, ils ne se contentent pas de nous offrir des histoires de victoires individuelles. Ils nous montrent aussi la beauté du sport comme langage universel, capable de transcender les différences culturelles et les tensions politiques. Dans ce sens, les médias deviennent des médiateurs de joie, forgeant des récits qui unissent les peuples, comme l’avait imaginé Pierre de Coubertin, le père des Jeux modernes.


Toutefois, ce rôle d’artisan de la joie n’est pas sans défis. Les médias doivent trouver un équilibre entre la vérité crue du monde et l’évasion nécessaire à notre bien-être mental. Leur mission est de refléter la complexité de la condition humaine, où la joie et la peine coexistent, où l’un ne peut être pleinement compris sans l’autre. Ce n’est pas une tâche simple, mais c’est une tâche nécessaire.


Les médias, en tant qu'artisans de la joie, ont le pouvoir de façonner notre perception du monde. En nous montrant non seulement ce qui va mal, mais aussi ce qui inspire, ce qui rapproche, ce qui fait sourire, ils nous rappellent que, même dans les moments les plus sombres, la joie reste une possibilité, et un choix. Les acteurs médiatiques ont transformé ces Jeux en une célébration de la joie humaine, une lumière après les ténèbres, un rappel que la vie, dans toute sa complexité, vaut toujours la peine d’être vécue avec enthousiasme.

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